Princia Nsumbu, Dionysienne de 22 ans, a bénéficié dès sa terminale ES, à Nevers (58), de l’accompagnement de l’association d’égalité des chances Article1 (1). « J’ai commencé à faire appel à eux pour des conseils d’orientation, surtout au moment de ma première année de classe prépa économique à Chalon-sur-Saône [71]. Je voulais arrêter car je trouvais cela trop dur, mais mon parrain m’a incitée à trouver une prépa de meilleur niveau pour bénéficier de meilleures conditions de travail », raconte-t-elle. L’étudiante suit donc deux années supplémentaires de prépa, mais cette fois-ci au lycée parisien Claude-Monet, dans le cadre du dispositif des internats de la réussite, qui permet aux étudiants boursiers d’être aidés.
« Ces années m’ont beaucoup apporté en termes de capacités de travail, raisonnement, rapidité de compréhension. » Princia n’a jamais renoncé à son rêve d’intégrer une des cinq premières écoles de commerce. « J’aimerais travailler à un poste de direction dans le secteur de la RSE [responsabilité sociétale des entreprises] et des fondations, ce qui nécessite de bien choisir son école. »
Admise à la Kedge Business School (Paris), elle préfère continuer son parcours en L3 gestion à Nanterre, pour pouvoir retenter sa chance l’année suivante et se confronter à des matières plus concrètes. Après une mission dans le cadre d’un cours de gestion de projets, elle décroche un stage en RSU (responsabilité sociétale des universités) à la fac de Nanterre. « Je vais notamment mettre en place un dispositif de protections hygiéniques gratuites pour les étudiantes. »
Valoriser la culture urbaine
Après deux années en internat parisien, Princia, boursière, a profité pour l’année scolaire 2018-2019 du programme MA1SON de l’association Article 1. Elle loge ainsi dans la résidence Camille-Sée dans le quartier Confluence et participe à des ateliers hebdomadaires. « J’ai été motivée par la perspective de créer un projet avec d’autres résidents. » Avec Jérémie, Sarah et Charlotte, son groupe, ils ont créé une plateforme intitulée « Tremplin ». Son but : « valoriser la culture urbaine à Saint-Denis. Cette ville est victime de beaucoup de préjugés alors que beaucoup de choses positives y ont lieu. » Princia se charge de réaliser des portraits. Curieuse de tout, cette Dionysienne de fraîche date s’est même rendue à l’une des réunions de quartier Confluence. « C’est une habitude héritée de ma mère, c’est important de se renseigner sur ce qui se passe dans son quartier, ce qu’on peut améliorer ensemble. »
Article 1 lui a donné aussi l’opportunité de participer à des ateliers de renforcement scolaire, des événements dans des grandes écoles, ou encore des sorties culturelles. Mais, aussi, l’accès à un réseau. C’est ainsi que, par hasard, sur Facebook, elle saisit sa chance de participer à un programme d’entrepreneuriat à Berkeley, université américaine de Californie, un jour avant la clôture des candidatures. Élevée seule par sa mère femme de ménage avec son frère et sa sœur, rien ne prédestinait Princia à prétendre à un tel cursus. « Je n’avais rien à perdre, alors j’ai tenté même si j’étais découragée en voyant que les candidats retenus étaient issus de grandes écoles. » Ne pas s’autocensurer était une bonne idée : elle est retenue par le programme d’un an Bridge entrepreneurship. « Partir aux États-Unis était un rêve que je jugeais inaccessible… J’aime la mentalité américaine, qui ne se fixe pas de limites, audacieuse et innovante. » Princia a obtenu une bourse pour financer les 20 000 € de frais de scolarité et cherche maintenant des sponsors pour financer le coût de la vie sur place. Son projet de start-up : un outil éducatif numérique pour évaluer les compétences des élèves des établissements des quartiers défavorisés. « Dans tout mon parcours, j’ai été encouragée par des enseignants et des dispositifs. J’ai envie de contribuer aussi à donner plus d’opportunités aux autres. »
Delphine Dauvergne pour le JSD